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Voir ou ne pas voir…

Les formes de l’invisible

Science-Fiction et Fantastique
Tout public

Voir ou ne pas voir…

Meurtriers insaisissables, esprits frappeurs, créatures de la nuit : lorsque le danger est invisible, il n’en est que plus effrayant. Comment, en effet, lutter contre ce que l’on ne voit pas, tel le grand requin blanc des Dents de la Mer de Peter Benchley (1974) ? Protégé par le masque de l’invisibilité, l’amant éconduit du Secret de Wilhelm Storitz de Jules Verne (1910) se métamorphose en une terrifiante créature vengeresse contre laquelle ses victimes demeurent impuissantes. 

Ce que l’on ne peut voir, notre esprit l’imagine parfois en pire : le moindre craquement de parquet se transforme alors en monstre tapi dans l’obscurité. Difficile, dans ce cas, de ne pas perdre la raison, à l’image du narrateur du Horla de Guy de Maupassant (1887) ! Folie ou réalité, le texte joue sur l’ambiguïté, tandis qu’un personnage invisible semble déplacer les objets autour de lui… 

Bird Box de Josh Malerman (2014) prend le parti inverse : dans ce roman post-apocalyptique, voir le danger en face, c’est sombrer dans une folie suicidaire. Ironie du sort, se bander les yeux devient alors la seule façon de rester sain d’esprit…

 

 

Êtes-vous prêt à regarder le danger en face ? - Bird Box

Dans de nombreuses versions du mythe d’Œdipe, celle de Sophocle, par exemple (Œdipe roi, Ve siècle avant notre ère), celui qui s’est rendu coupable malgré lui de parricide et d’inceste, finit par se crever les yeux. Est-ce pour ne pas voir son terrible destin ou au contraire pour accéder enfin à la vérité, celle-là même qui demeure invisible ?