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Un refuge de douceur

Quand la nature s’invite en littérature

Science et Nature
Tout public

Un refuge de douceur

L’un des premiers à exprimer son amour de la nature (on pourrait même parler de passion) est Jean-Jacques Rousseau, écrivain préromantique du XVIIIe siècle. A travers ses Rêveries du promeneur solitaire, l’auteur exprime sa sensibilité et ses émotions face à la pérennité de la nature. Si l’individu ne fait que passer sur terre (ô temps, suspends ton vol ! – écrit Lamartine), la nature, elle, est immuable et permet aux hommes de s’y réfugier. Elle devient rempart contre la société à laquelle Rousseau voue une haine féroce. Et si, comme l’écrivain, il vous arrive d’être misanthrope, courrez vite vous réfugier dans un bosquet  car, écrit-il : « le moment où j’échappe au cortège des méchants est délicieux, et sitôt que je me vois sous les arbres, au milieu de la verdure, je crois me voir dans le paradis terrestre ».

A l’instar de Rousseau, Goethe, en Allemagne, évoque la symbiose entre l’homme et la nature, dans son roman épistolaire Les Souffrances du jeune Werther : le héros éponyme est en effet un être doué d’une grande sensibilité pour lequel la nature est un refuge rassurant dans lequel il retrouve des paysages-états d’âmes propices à la rêverie. La nature devient alors une figure maternelle rassurante qui rythme son existence au gré des saisons. Werther s’extasie tellement devant les fleurs qu’il en envie les insectes : « Chaque arbre, chaque haie est un bouquet de fleurs et l’on voudrait se transformer en hanneton ». Et vous, vous imaginez-vous transformé en petite bestiole par amour pour Dame Nature ?

Au XIXe siècle, en France, le mouvement romantique bat son plein et les poètes se font les chantres de la célébration de la nature. Lamartine célèbre les beautés du Lac et se confie à lui dans un poème illustre (Et oui ? le lac devient un véritable personnage !) tandis que Chateaubriand divinise la nature dans ses Mémoires d’Outre-tombe. Victor Hugo, quant à lui, célèbre la puissance de la nature et son pouvoir incantatoire dans Les Contemplations. On se confie à elle, on lui dit tout : « confidence pour confidence », comme chantait Jean Schultheis.